Si vous ne le faites pas pour la planète, faites-le pour vous.
Il y a quelques semaines, j'ai discuté avec une chercheuse en sciences du climat (Docteur en physico-chimie de l'atmosphère plus précisément, qui observe et étudie les particules d'aérosol - ne me demandez pas de vous en dire plus, c'est là que s'arrête ma compréhension de son activité). Elle a dit quelque chose qui m'a marquée :
"On parle de protéger la planète, mais elle va survivre, elle. Ce sont les Hommes qui vont disparaître !"
Tiens, c'est vrai ça, la planète existe depuis plusieurs milliards d'années et elle a déjà traversé plusieurs ères géologiques (allez on révise les plus 'récentes' : paléozoïque, mésozoïque et cénozoïque, qui contient la période nommée le Quartenaire dans laquelle nous vivons actuellement et qui a débuté il y a 2,6 millions d'année avec l'apparition et l'expansion des humains) [source]. Il y a de fortes chances pour qu'elle continue d'exister pendant encore des milliards d'années... Mais nous ?
Mes réflexes de communicante s'en sont trouvés titillés et, teintée de ma naïveté assumée, j'ai pensé : pourquoi ce n'est pas ça qu'on dit aux gens pour les motiver à prendre des mesures ? Pourquoi ce n'est pas comme ça qu'on aborde le sujet dans les médias ? "Sauvez les humains" au lieu de "sauvez la planète". Je ne parle pas de management par la peur, je fais juste référence à cette fameuse loi de la proximité. Vous savez, en journalisme c'est "le principe suivant lequel les informations ont plus ou moins d'importance suivant leur proximité par rapport au lecteur, [...] selon quatre axes : géographique, temporel, affectif et sociétal/socio-professionnel." Autrement dit, c'est notre prédisposition à nous sentir plus concernés par un fait mineur qui se déroule 'près' de nous (dans ma ville, cette semaine, à propos de quelqu'un que je connais, qui touche mon corps de métier) que par un fait beaucoup plus grave qui se passe à distance. Nous sommes tous naturellement soumis à cette loi je pense, inconsciemment.
Alors, pourquoi ne pas s'en servir ?
Les espèces d'animaux qui disparaissent, les gens s'en fichent. Les glaciers qui fondent, pfff, et alors ?! La température qui augmente : c'est cool, grâce à ça les Anglais vont carrément devenir les nouveaux maîtres du Champagne !
Je me dis que, peut-être, si on parle aux gens de ce qui les concerne, de ce qui est près d'eux et de leur quotidien, même des choses qui peuvent paraître futiles, ils se sentiront plus impliqués et deviendront moteurs du changement. Peut-être qu'en 'jouant' sur les petits péchés humains (gourmandise, égoïsme...), on peut réussir à faire bouger les choses. Et que s'il faut passer par ça pour communiquer un message plus 'profond', plus pédagogique, et avoir au final un impact positif sur notre planète et notre espèce, pourquoi pas ? On va essayer avec quelques exemples [la plupart des informations à suivre sont directement issues de cet article de CNews, la chaîne d'information nationale du Groupe Canal+ ; j'ai essayé de toutes les vérifier via d'autres sources].
D'ici 30 ans, fini les bons vins de Bordeaux !
Ah, qu'on en est fiers de ces vins, parmi les plus grands symboles de notre gastronomie française. Et pourtant, faites vos réserves car ils risquent de disparaître (ceux Made in France, en tout cas). Malheureusement, nos vignerons français devraient commencer à penser à leur reconversion : la surface de terres favorables à la culture du vin en Europe pourrait se réduire de 39% à 86% en 2050... Et oui, c'est dans 32 ans seulement, autant dire demain.
«La surface des terres propices à la culture de la vigne va se réduire dans de nombreuses régions traditionnellement productrices de vin, comme la région de Bordeaux ou la vallée du Rhône, ainsi qu’en Toscane», indiquait Lee Hannah, le principal auteur d'une étude américaine révélée en 2013. 5 ans après, je serais intéressée de voir si ces chiffres ont évolués ou non (et si oui, dans quel sens).
Bye bye la Polynésie, les Maldives, l'Indonésie, Miami, Singapour, Tokyo, Amsterdam...
Dépêchez-vous de faire vos bagages pour aller visiter ces endroits exceptionnels, qui risquent d'être bientôt rayés de la carte. Je suis étonnée de ne pas encore voir les promos des agences de voyage... "Offre exceptionnelle, 2 billets à gagner pour être le dernier couple à profiter de sa lune de miel aux Maldives avant disparition définitive !" Ce n'est pourtant pas de la fiction.
Le niveau des océans s’est déjà élevé de 10 centimètres en 50 ans, et devrait continuer à augmenter d'au moins 1 mètre dans les 100 à 200 prochaines années, selon les experts de la Nasa. D'après une autre étude du CNRS de 2014, 10 000 à 20 000 îles pourraient disparaître totalement au cours du siècle. Cela est dû notamment aux glaces du Groenland et d'Antarctique qui fondent extrêmement vite, et pourrait également durement toucher les grandes villes situées en bord de mer. Si rien n’est fait pour réduire cette élévation du niveau de l'eau, New York pourrait devenir inhabitable en 2085 - dans 65 ans !
En 2050, 73 034 parisiens devront déménager en province
Oh, ma belle région du Perche, je la vois déjà se faire envahir par tous ces parisiens... (je n'ai rien contre les parisiens bien sûr, j'y vis depuis 5 ans ;-))
Je vous rassure, amis français, sur ce coup là j'ai pas mal extrapolé pour marquer le coup. Mais c'est grosso modo ce qui va se passer à l'échelle de la planète : les changements climatiques provoquent une augmentation de la fréquence et de l'intensité des catastrophes naturelles (fortes sécheresses et chaleurs, typhons, inondations, cyclones...). Résultat ? La migration inévitable des populations qui devront fuir ces phénomènes météorologiques extrêmes.
L'ONU prédit 250 millions de réfugiés climatiques (les 'déplacés') dans le monde en 2050, ce qui représente selon mes calculs 3,31% de la population mondiale (base de 7 550 262 000 d'habitants - source Nations Unies 2017). A l'échelle de la ville de Paris qui compte 2 206 488 habitants (chiffres INSEE 2015 pour Paris seule, sans compter la métropole du Grand Paris), cela équivaut donc à 73 034 personnes qui fuiraient les conditions climatiques difficiles.
1 canicule tous les 4 ans
C'est ce que l'on apprend dans cette vidéo de 2014, réalisée à l'initiative de la WMO (l'Organisation météorologique mondiale) qui a invité les présentateurs météo de différents pays à présenter les prévisions météorologiques pour le 18 août 2050. Au programme : plus de 40° dans plusieurs villes françaises, phénomène que l'on a déjà observé lors de la canicule d'août 2003 et qui risque de se dérouler de plus en plus régulièrement.
En effet, si l'objectif fixé par la Conférence de Paris de limiter le réchauffement climatique à 2°C maximum n'était pas atteint, les prévisionnistes anticipent des records de températures dans le futur et la multiplication des épisodes caniculaires. « Avec le réchauffement de la Terre, nous nous attendons à voir les régions actuellement humides recevoir davantage de précipitations et les régions sèches en recevoir moins », indiquait en 2013 le climatologue Thomas Stocker dans un rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat).
Et tout le reste...
Des épisodes de froid polaire en France et en Europe, des turbulences en avion de plus en plus fortes et 2 fois plus nombreuses d'ici 2050, plus de 100 millions de personnes basculant dans une extrême pauvreté (notamment à cause des mauvaises récoltes suite à la diminution de la pluviosité, et de la flambée des prix alimentaires), une recrudescence du paludisme et de la dengue causée par l'allongement de la saison de transmission des maladies propagées par les moustiques, la disparition d'une espèce animale sur six...
Alors bien sûr ici, et en général, on parle beaucoup des conséquences de ce réchauffement climatique, notamment parce qu'il met en danger la survie de l'espèce humaine (et animale et végétale) et que c'est le point que je voulais soulever (sans être alarmiste). Tout le monde ne s'accorde pas en revanche sur les causes initiales du réchauffement climatique : activités humaines et surexploitation des ressources naturelles, ou palier climatique naturel de l'histoire de notre planète, ou autre chose encore ? Je tiens à prôner la transparence sur mon manque d'expertise, de connaissance et de recul sur le sujet, et la difficulté que je ressens à faire la part des choses entre les messages médiatiques, politiques, lobbyistes et la "vraie vérité vraie". Mais peut-on vraiment la connaître après tout ? Je ne pense pas (mais on s'égare un peu là).
Peut-être que c'est dans l'ordre des choses que notre espèce s'éteigne par les moyens d'un grand bouleversement environnemental, mais j'aime à croire que l'on peut essayer d'améliorer les choses et que si les bonnes personnes prennent les bonnes décisions, nous laisserons une chance à l'humanité de continuer à évoluer dans le bon sens. Alors bien sûr, je suis bien peu de chose pour faire plier la Chine, les Etats-Unis ou l'Inde (les pays identifiés comme les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre), mais si on multiplie les personnes qui avancent dans le bon sens, quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait quelqu'un qui connait les grands de ce monde arrivera peut-être à améliorer les choses à grande échelle ?
Je ne suis pas un exemple, pas un modèle, je n'ai pas pour objectif de faire la morale à qui que ce soit et j'ai moi-même encore beaucoup de chemin à parcourir. Je deviens juste de plus en plus consciente, et, à un âge où la parenté devient un sujet de prédilection dans toutes les discussions, je refuse de céder au fatalisme de se dire "à quoi bon faire des enfants dans ce monde à la dérive, ils n'ont rien demandé les pauvres, ce n'est pas juste de leur imposer cela". Je préfère me dire qu'au contraire, faisons des enfants qui seront meilleurs que nous, éduquons-les dans le respect d'eux-mêmes, de leur entourage, de leur environnement, des animaux, de la planète. Donnons-leur les clés pour se souvenir, pour penser à l'avenir, et continuer à évoluer dans le respect des générations futures.
Si vous avez des recommandations de lecture, d'études, de personnes à suivre sur ces thématiques, même (surtout) si elles vont "à l'encontre" de ce que je viens d'écrire, je serai ravie d'en prendre connaissance et de continuer à apprendre.
Ps : après avoir écrit cet article j'ai trouvé que l'ADEME avait utilisé cette phrase "Si vous ne le faites pas pour la planète, faites le pour vous" dans une campagne de sensibilisation du grand public en faveur de la réduction des déchets reduisonsnosdechets.fr lancée en 2013, avec une série de vidéos décalées. Je vous invite à les revoir ici
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6 anshttps://www.larvf.com/avec-le-changement-climatique-les-viticulteurs-anglais-se-frottent-les-mains,4605182.asp
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6 ansExcellent article Lucie! Je pense qu'il faut l'envoyer aux responsables politiques (en exercice du pouvoir ou dans l'opposition) pour que chacun d'entre eux prenne bien la mesure du problème, qu'il en fasse une priorité pour toutes ces prises de décision, et que ces décisions soient éclairées par des analyses scientifiques objectives et multiples car il existe aussi beaucoup de fausses-bonnes idées! A titres personnels, chacun de nous peut faire de véritables efforts en cette période de fêtes en réfléchissant aux cadeaux qu'il va offrir (sera réellement utile? plastique? chimique? origine? Est-ce qu'un billet pour une pièce de théâtre, un opéra, un parc d'aveentures, un tour en parapente, que sais-je... ou un cadeau bricolé et totalement personnel (laissez votre esprit d'artiste parler) ne serait-pas ...mieux? Et puis dernier point, mollo sur la viande (notamment boeuf et mouton) : la FAO , estime que l’élevage de bétail dans le monde est responsable de 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, c’est-à-dire liée aux activités humaines (https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/10/29/la-viande-a-aussi-un-impact-majeur-sur-la-planete_4799570_4355770.html)