La Terre, nouvel acteur politique ?
Notre vocabulaire économique et managérial, productivité, croissance, rationalité ou efficacité n’a plus aucun sens depuis que nous savons que la mondialisation a échoué. Voilà ce que nous explique Bruno Latour dans son dernier essai « Où atterrir ? Comment s’orienter en politique ? ». Pour l’anthropologue et philosophe des sciences en effet, lequel fait partie aujourd’hui des quelques intellectuels français dont la notoriété dépasse nos frontières, professeur émérite associé au médialab de Sciences Po, il y a urgence à reconsidérer toutes nos catégories. L’Anthropocène nous y oblige.
Si pour Donald Trump le réchauffement climatique est une fumisterie inventée par les chinois, il n’en va pas de même hélas pour la grande majorité des minéralogistes et des géologues. Pour eux en effet nous sommes bel et bien entrés dans l’Anthropocène donc, cette période de l’histoire qui commence au moment où les activités humaines ont un impact déterminant sur la biosphère. Les hommes sont devenus une force géologique de telle sorte que nos conceptions écologiques, et nos repères politiques en général, ne peuvent plus rester immobilisés dans les schémas du passé ; car le réel, lui, a changé ce dont ne semble pas avoir pris conscience l’actuel locataire de la Maison Blanche dont la politique est sans objet dans la mesure où « elle rejette le monde qu’elle prétend habiter (p. 53) ».
Or, selon l’auteur cette redéfinition de notre vocabulaire ne doit pas s’entreprendre à partir de l’alternative fallacieuse dans laquelle nous croyons être pris, ou bien s’attacher à un sol ou bien se mondialiser, laquelle ne tient plus. Notre sol est en train de céder et nous serons bientôt « privés de Terre », comme des migrants de l’intérieur décrit-il, expérience de celles et ceux, que nous sommes tous, « qui se sentent quittés par leur pays ». Or, indique Latour:
« il n’y a rien de plus innovateur, rien de plus présent, subtil, technique, artificiel (au bon sens du mot), rien de moins rustique et campagnard, rien de plus créateur, rien de plus contemporain que de négocier l’atterrissage sur un sol. »
Nous devons donc dorénavant chercher coûte que coûte un « territoire habitable », une Terre nouvelle qui ne peut être appréhendée qu’au travers d’une redéfinition de la politique. Une politique de droite ? Une politique de gauche ? se demande-t-on ? C’est là précisément le genre de contradiction dont nous devons nous défaire explique encore Latour ainsi que de tous les faux conflits dans lequel nous sommes comme absorbés et stupéfaits : le local versus le global, deux utopies qui n’ont plus cours, le progressisme versus la réaction, l’écologie versus l’économie. Toutes distinctions qui ne font que nier le problème auquel nous sommes en réalité confrontés.
En guise de redéfinition de nos catégories, l’auteur se demande quel nom donner à notre situation :
« ‘Terre’ ? On va croire qu’il s’agit de la « planète bleue ». ‘Nature’ ? Elle serait bien trop vaste. ‘Gaïa’. Ce serait exact mais il faudrait des pages et des pages pour en préciser l’usage. (…) ‘Monde’, oui, bien sûr, mais on risque de mélanger avec les anciennes formes de globalisation. Disons pour l’instant « Terrestre », avec un T majuscule pour bien souligner qu’il s’agit d’un concept ».
Cette révolution de notre vocabulaire s’adresse aussi bien à tous, dirigeants d’entreprises internationales jusqu’au thuriféraires des identités nationales : le Terrestre a remplacé aussi bien la question de la globalisation que celle d’un retour à la terre (cette fois avec un petit t).
De ce point de vue, pour Latour, c’est la responsabilité de l’Europe que de s’engager sur cette voie, qui s’est historiquement construite par le bas, le charbon, le fer et l’acier, mais qui, devra à nouveau retourner au niveau du sol pour mieux atterrir. Ce nouvel humanisme ainsi que le remarque l’auteur, fait correspondre le mot humain avec sa racine étymologique et l’« humus », la terre, le sol, auquel il s’apparente, et d’où provient tout aussi bien le mot humilité. Une leçon d’humilité, d’humus et d’humanité qui peut faire penser à celle que contenait déjà la Genèse où on peut lire ceci : « Tu tireras ton pain à la sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes à la terre, puisque tu as été tiré de celle-ci. Car toi, tu es poussière et tu retourneras à la poussière ».
Réf.
Où atterrir, Comment s’orienter en politique ? de Bruno Latour, Editions La Découverte, 2017.
En poste (secteur : Ingénierie mécanique ou industrielle)
5 ansUne chose est sûr, c'es que c'est la finance qui dirige la plupart des hommes politiques, les politiques sont d'abord intéressés par leur "égaux", ensuite l'argent, le reste attendra : les gens, la qualité de vie, la pollution, etc. Personnellement j'ai travaillé dans l'ingénéring, et vue les problèmes. Pour moi, le changement viendra de la jeunesse à condition qu'ils soient formés et pas des vieux rognons de la politique et de l'administration
Chef des ventes ou Key account Manager
5 ansMouais... Un moyen de plus pour nous faire casquer financièrement au lieu de prendre les problèmes à la base.
Technicien de maintenance sav et chantier +devis chez SUDAC AIR SERVICE
5 ansle problème sur notre planète c est que nous fixons des objectifs a atteindre , sauf que c est un but qui doit être atteint , les objectifs n étant que la recherche et l analyse des moyens humains , financiers et la route pour y parvenir. fixer un objectif a atteindre ne veut absolument rien dire d autant même que le terme d objectif ne défini pas une certitude , fixer un but a atteindre détermine toujours une durée et surtout une certitude . en aucune manière un objectif ne fixe un but par contre un but détermine toujours des objectifs .....peut être devons nous commencer par ça....
Travailleur indépendant du secteur Contenus rédactionnels
5 ansOn constate un éveil des consciences dont on n’osait pas rêver il y a seulement quelques années. Pourquoi faut-il que nos gouvernements –certains plus que d’autres, on le sait– accusent plusieurs longueurs de retard ? Horizon électoral limité ? Peur de passer des belles paroles à la pratique (cette dernière ne fera évidemment pas que des heureux et le risque d’erreur est élevé) ? Le fameux déni sur lequel les neurosciences se penchent de plus en plus ? Même si le cadre national comme unité d'action est quelque peu dépassé, même si les organismes internationaux devraient favoriser des initiatives musclées, rien ne se passe. Les conséquences de cette mollesse commencent à nous rattraper. Ça augure très mal pour l’avenir, en supposant qu’il y en aura un. Il faut envoyer ce livre aux politiciens !
Sales Manager bei DSV Transport
5 ansLa terre devrait etre le vecteur le plus important a prendre en considération pour le futur, qu'il s'agisse de politique, d'économie, ou de consommation individuelle.