Post de Grégoire Barbey

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🖋️Journaliste Le Temps / 🎙️IA qu’à m’expliquer, diffusé un lundi sur deux.

La prise de position du Conseil d'Etat neuchâtelois, par la voix de Crystel Graf, à l'égard d'un droit à l'intégrité numérique est regrettable. A Genève, le Conseil d'Etat a œuvré avec le Grand Conseil sur proposition du PLR (le parti de Mme Graf), ce qui a finalement abouti à un vote historique le 18 juin 2023. L'enjeu n'est pas de protéger les gens sur les réseaux sociaux. Du moins, pas dans un premier temps. Il s'agit d'inscrire un nouveau droit fondamental dont l'interprétation sera amenée à évoluer au fil du temps, comme c'est le cas pour d'autres libertés consacrées dans la constitution. Le droit n'est pas monolithique, il change, s'adapte. Le respect de l'intégrité numérique s'appliquera d'abord à l'Etat. Nous vivons dans un monde où nos données personnelles sont collectées et traitées comme s'il s'agissait d'une ressource économique parmi d'autres. Or, ce n'est pas le cas. Ces précieuses informations sont les traces que nous laissons dans nos interactions informatiques. Certaines sont transmises sur base volontaire, mais la plupart sont créées malgré nous. Aujourd'hui, les enfants à naître ont déjà une existence numérique, bien avant d'être inscrit à l'état civil. Ces informations sont utilisées à des fins de manipulation et d'influence. Peu importe que l'objectif poursuivi soit mercantile ou politique, cette collecte et ce traitement systématique de ces éléments qui font partie de notre vie numérique doivent être questionnés. Ce nouveau féodalisme qui exploite l'individu a permis l'émergence de sociétés qui déstabilisent les Etats. Les lois de protection des données ne remettent pas en cause cette économie de la prédation. Le droit à l'intégrité numérique ne va pas modifier ce rapport de force par magie. Mais il va, comme tant d'autres droits fondamentaux avant lui, obliger la société à repenser sa manière d'appréhender nos existences numérisées. Les institutions sont souvent conservatrices et je ne suis guère surpris de la position du Conseil d'Etat neuchâtelois. Reste à espérer que la population sera plus visionnaire.

[VIDÉO] Inscrire l’intégrité numérique dans la Constitution neuchâteloise: juste un symbole?

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arcinfo.ch

Grégoire Barbey

🖋️Journaliste Le Temps / 🎙️IA qu’à m’expliquer, diffusé un lundi sur deux.

7 mois

Je rajouterai à toutes fins utiles que le préposé fédéral à la protection des données s'est déclaré en faveur du droit à l'intégrité numérique. https://www.letemps.ch/cyber/donnees-personnelles/adrian-lobsiger-prepose-federal-a-la-protection-des-donnees-les-discussions-avec-l-administration-federale-sont-dures

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