Jérémy Rodrigues’ Post

Il y a quelques jours, le petit milieu des prestataires qui travaillent sur la question du changement climatique est rentré en émoi, parce que l'organisme qui enregistre les engagements de réduction des entreprises (plutôt des grandes) en ce qui concerne leur empreinte carbone, le SBTI (pour Science Based Target Initiative), a autorisé la "compensation" pour que les entreprises puissent atteindre leurs objectifs. L'émoi a cependant un peu dépassé le petit milieu en question, puisqu'il y a eu : - un article dans le Financial Times (ce qui, sur un sujet comme celui-ci, n'était pas du tout attendu) : https://t.ly/wHFYr - un article dans Les Echos : https://t.ly/KqG-W - ou encore un article dans le Guardian (mais c'est moins inattendu pour le coup) : https://t.ly/4je7X La compensation, kézaco ? Il s'agit d'une opération par laquelle une entreprise ôte de sa propre empreinte carbone des émissions réduites ailleurs (grâce pour partie à de l'argent fourni par l'entreprise), des émissions évitées ailleurs (idem pour l'argent), ou une capture future de CO2 via des plantations là aussi co-financées par l'entreprise. Comme j'essaie de l'expliquer dans cette chronique du jour sur RTL, la "compensation" est malheureusement inopérante s'il s'agit de diminuer sa dépendance aux émissions de sa chaîne de valeur. Si mon entreprise gère des hypermarchés où les clients viennent en voiture, planter des arbres ne change rien à la dépendance que j'ai aux voitures à pétrole de mes clients pour qu'ils viennent faire leurs courses. Or une empreinte carbone reflète avant tout un lien de dépendance aux émissions "chez soi et ailleurs". Baisser son empreinte carbone, c'est se mettre en capacité de mieux survivre dans un monde où les émissions globales baissent de gré (réglementation et taxes) ou de force (insuffisance de ressources fossiles). La "compensation", en pratique, vise à répondre à un seul risque : celui d'être vu comme mauvais élève parce que les chiffres ne baissent pas vite, même s'il faut pour cela préférer un tour de passe-passe comptable à l'action véritable. Et ce "passe-passe" subsiste même si les projets financés conduisent effectivement à une réduction d'émissions ailleurs, alors qu'en plus ce n'est pas si souvent le cas. Et comme il faut aller voir dans le détail si une entreprise a utilisé ou pas la compensation pour faire baisser les émissions qu'elles déclarent, un certain nombre d'entre elles y ont recours en se disant, selon une formule célèbre, que sur un malentendu ca peut toujours passer. C'est un bon signe que de la presse économique "sérieuse" ait désavoué cette mesure du SBTI. Il n'y a que si les comptes "illusionnistes" ne sont plus considérés comme légitimes par ce premier juge que sont les media économiques que les entreprises vont passer à l'étape d'après, c'est-à-dire investir du temps et des moyens pour réellement se rendre moins dépendantes des combustibles fossiles (et ce sera parfois difficile, assurément...).

Non, les émissions de CO2 en Europe n'augmentent pas si on compte les fameuses "émissions importées" (consumption-based*), comme le prétendent ceux qui pour N raisons refusent de reconnaître que les ENR et l'électrification produisent le moindre résultat. Alors on a droit à tout 🙂. Florilège non-exhaustif. "Ça n'avance pas, c'est seulement l'Europe, et ce qui compte ce sont les émissions mondiales" (merci pour ce cours de climatologie... pourtant les mêmes sont capables de dire ailleurs qu'il faut que la France et l'Europe fassent leur part et montrent l'exemple, donc moi pas comprendre) "On reste dans le même système capitaliste" (mais donc en attendant d'en sortir on paralyse tout, on traite d'affreux capitalistes ceux qui investissent dans l'infrastructure post-carbone ?) "Ça ne compte pas les émissions importées" (en effet les gouvernements communiquent sur les émissions territoriales, et certains s'engouffrent dans la brèche, sauf qu'il n'y a pas tant que ça une brèche) "Ça ne va pas assez vite, faut qu'on fasse plus de sobriété !" (thank you Captain Obvious 👍🏼, mais est-ce une raison pour invisibiliser voire dénigrer ce qui fonctionne ? Et pourquoi ne pas faire comme celles et ceux qui travaillent sur les réglementations et les technologies qui faciliteraient à la sobriété ? Ex. limitation du chauffage à 19 degrés, infrastructures cyclables...) "C'est à cause de la désindustrialisation et l'appauvrissement" (non, les émissions de GES en 2023 ont baissé beaucoup beaucoup plus vite que la consommation d'énergie**, qui d'ailleurs n'a pas seulement baissé à cause de la désindustrialisation et de la précarité, mais aussi grâce à des gains d'efficacité) "C'est pas systémique, c'est le syndrome du tunnel carbone" (ok, face à ces incantations de druide et de magie ne faisons jamais rien qui n'adresse pas tous les problèmes du monde à la fois... sachant quand même que les projets ENR doivent intégrer la biodiversité pour obtenir leurs permis, et présentent par ailleurs un intérêt socio-économique pour la sécurité énergétique des ménages et des entreprises) "La France fait mieux que les autres avec le nucléaire !" (eh bien réussissons la relance du nucléaire et on en reparle dans 20-25 ans si c'est le cas... en attendant on ne va pas tourner en boucle) * Source Global Carbon Project, chacun(e) peut jouer avec les données. https://lnkd.in/ebSQSSFq ** Source Enerdata : https://lnkd.in/eJTMzsqx

50°C à l’ombre au Mexique, des vagues de chaleur sans fin en Asie, il serait temps d’accélérer le ralentissement des émissions de #GES. A ce rythme d’inconséquence dans les politiques climatiques, le résultat sera juste la certitude d’aboutir à un chaos social, nourrit par des conditions d’existence qui vont devenir de plus en plus invivables. Et tout comme se peser ne fait pas maigrir, une entreprise qui réalise son bilan carbone ne dit rien sur sa volonté d’agir. Mieux connaître ses sources d’émissions permet juste de cibler les actions de décarbonation et mesurer les progrès dans la durée. Seulement voilà, une fois les "low-hanging fruit" identifiés, la grande majorité des entreprises est encore très loin de pouvoir assurer la crédibilité de leur trajectoire vers la neutralité carbone planétaire. Se focaliser uniquement sur la décarbonation de ses scopes 1&2 représente une pitoyable farce lorsqu’on sait que les ¾ des émissions de GES émanent des fournisseurs et de l’utilisation des produits eux-mêmes. Se dédouaner des émissions aval en arguant que l’entreprise ne peut pas être tenue pour responsable de l’utilisation des produits qu’elle vend est aussi grotesque que de vendre des cigarettes en feignant d’ignorer les impacts sur la santé. Pour adopter une démarche de décarbonation efficace au sens de la #CSRD, il convient prioritairement d’adopter les principes des 5R : 1. Reconfigurer son modèle d’affaires en mettant un prix interne progressif au carbone pour faciliter notamment le déploiement de l’économie de la fonctionnalité qui privilégie la haute intensité d’usage de produits loués, ce qui permet d’en fabriquer moins (donc moins d’énergie grise, moins d’extraction de matières premières ...). 2. Renoncer à rendre « plus vert » des produits qui ne devraient plus exister dans un monde qui va devoir protéger l’essentiel pour tous et non l’accessoire pour quelques-uns. 3. Restaurer le capital nature en régénérant les puits de carbone et biodiversité (Rejeneo). Pour cela il convient de financer des projets certifiés existants ou futurs par l’achat de crédits carbone. Ou encore investir au capital d'entreprises porteuses de solutions de décarbonation (Team for the Planet). 4. Rassembler les entreprises de son secteur d’activité et celles de sa chaine de valeur pour établir des coalitions dans le but de co-investir et de collaborer pour faire émerger des solutions bas-carbone intersectorielles (économie circulaire, écologie industrielle, génie climatique …). 5. Refuser que les solutions d’atténuation ne prennent pas en compte simultanément des solutions d’accompagnement au sevrage aux énergies fossiles des clients utilisateurs et d’adaptation au changement climatique, car décarboner en absolu en intégrant une éventuelle croissance organique ne peut être que l’aboutissement d’une approche systémique.

[ Bilan carbone 2023 ] 🌎   La réduction de notre impact environnemental est au cœur de notre engagement. Elle est inscrite dans notre signature « Durable et Responsable ». C'est pourquoi, en 2023, nous avons réalisé notre premier Bilan Carbone afin de concrétiser nos engagements et de partager nos ambitions et nos résultats avec nos parties prenantes, en toute transparence.   Pour l'année fiscale allant d'avril 2021 à mars 2022, le bilan #GES de HIRSCH France s'élève à 73 000 tonnes de CO2 au total sur l'ensemble de nos sites : le siège social, nos 5 usines de polystyrène expansé ainsi que l’atelier de Saint-Michel-sur-Meurthe 🏗.   Nous avons déjà mis en place de nombreuses actions et nous poursuivons nos efforts. Notre objectif est de réduire nos émissions relatives de GES de -30% d'ici 2030 ✅.   🖇 Retrouvez sur notre site web, le détail de nos actions mises en place et à venir, ainsi que les résultats de notre bilan sur cette page dédiée à notre impact carbone ➡ https://lnkd.in/e3DPFiXV   #HirschIsolation #BilanCarbone #RéductionÉmissions #GES #DéveloppementDurable #EngagementResponsable #TransitionÉnergétique #ResponsabilitéSociale #Biodiversité #Transparence 

🌍 Pour le Climat : L'AFEN Encourage les Entreprises à Aller Plus Loin 📢 La semaine dernière, avec 18 autres organisations, l’AFEN, a signé une tribune appelant les entreprises à s'engager dans un Plan de Contribution, complémentaire du Plan de Transition, pour les efforts de réduction massifs et rapides dont le monde a besoin. 💡 De quoi parle-t-on ? 1️⃣ Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, toutes les entreprises de plus de 500 salariés en France doivent effectuer un bilan carbone, accompagné de cibles et d’actions de réduction des émissions. C’est le Plan de Transition. 2️⃣ Le Plan de Contribution va plus loin. À l'image de l'accord de Paris, qui appelle les États à définir leurs « contributions nationales » pour atteindre la neutralité carbone d'ici à la fin du siècle, les entreprises doivent également établir leurs contributions. Cela inclut non seulement la réduction de leurs propres émissions, mais aussi l'ensemble des activités qu'elles mènent pour aider les autres à réduire leur empreinte – on parle alors d'émissions évitées – ou à retirer le carbone de l'atmosphère. 🌳 Cela peut prendre de nombreuses formes : - Reforestation - Amélioration de l’efficacité énergétique - Soutien financier à des projets bas-carbone - Achat de crédits carbones 🔗 Mais aussi des actions au sein de leur propre chaîne de valeur en réduisant les émissions de scope 3 auprès de leurs fournisseurs ou de leurs clients. 🔍 Pourquoi aller plus loin ? Parce que les défis climatiques exigent des actions audacieuses et collectives. En s'engageant dans un Plan de Contribution, les entreprises peuvent jouer un rôle crucial dans la décarbonation globale, tout en innovant et en créant de la valeur durable pour tous. 🌐 L'AFEN encourage toutes ces formes d'actions contre le réchauffement climatique et souhaite faciliter le passage à l’acte des entreprises, en particulier dans le domaine de l’élimination du carbone, que ce soit en termes d’achats de crédits carbones, d’investissement, ou de partenariats avec les startups du secteur. 🌟 Un grand merci à Renaud BETTIN et Julien Denormandie de SWEEP pour leur initiative sur ce sujet crucial. Il est essentiel de diffuser cette approche et de commencer à collaborer avec des entreprises innovantes et pionnières en matière de transition. 📄 Retrouvez la tribune publiée dans Les Echos: https://lnkd.in/ds34sUAz

Le CO2 n’a pas de frontière ! Voici comment le CO2 se déplace au cours d’une année. C’est pour cela qu’il faut non seulement reduire les emissions de CO2 en France, mais aussi partout dans le monde ! Sans collaboration internationale, nous ne viendrons jamais à bout du changement climatique. Inutile de préciser que les politiques qui veulent se cloîtrer derriere des murs pour éviter ça n’ont pas bien compris le problème…

Tous les deux mois, le gouvernement annonce une baisse historique des émissions en France, et tous les deux mois, il faut rattraper cette communication trompeuse. Comme Gabriel Attal parle d'écologie "à la française", analysons le chiffre de -5.8% des émissions de GES en France en 2023. Une baisse des émissions est TOUJOURS une bonne nouvelle, ce n'est pas discutable. MAIS. Parce qu'il y a un gros MAIS. Article complet avec sources ici : https://lnkd.in/eWrTPca8 - La baisse est notamment grâce à 3 secteurs : bâtiments (-5%), avec une météo douce et donc favorable à la baisse du chauffage, l'industrie avec -9) (les prix de l'énergie ont joué) et la production d'énergie avec -8%, où le retour en disponibilité du parc nucléaire a fait du bien. - Les transports représentent 31% des émissions et ne sont en baisse que de 4%. - le secteur aérien voit ses émissions exploser, avec une hausse de 16 % pour les vols internationaux. Le gouvernement refuse toujours de réfléchir à agir sur la demande, malgré les recommandations du HCC. Quand on regarde les chiffres dans les détails, on note que cette baisse est plus conjoncturelle que structurelle. Pour que ce soit le cas, il faudrait un investissement massif dans les transports en commun, un report modal, une politique qui permette la baisse des produits d'originale animale, un investissement massif dans la rénovation... Est-ce le cas ? Notons également que le gouvernement est TRES en retard sur plusieurs sujets clefs : - la loi de programmation énergie et climat n'est pas adoptée - la Stratégie française énergie et climat n'est pas adoptée - la 3ème Stratégie nationale bas carbone (SNBC3) est en retard - le 3ème Plan national d’adaptation au changement climatique est en retard - la 3ème Programmation pluriannuelle de l’énergie n'est pas adoptée. Enfin, ces chiffres concernent les émissions sur le territoire français et ne prennent pas en compte les importations. Notre empreinte carbone est stable en 2022, ce qui est pour le coup gravissime compte tenu de nos objectifs climatiques. Rappelons également que nos forêts qui servent de puits de carbone absorbent d'ores et déjà moitié moins d'émissions qu'il y a 10 ans à cause du changement climatique. Sans puits de carbone, nous pouvons dire adieu à nos objectifs climatiques, et ceci doit toujours être rappelé. Sans changements structurels, nous n'avons aucune chance d'atteindre nos objectifs climatiques. La neutralité carbone n'arrivera pas avec quelques voitures moins polluantes et des avions un peu plus verts. Si vous souhaitez plus d'analyse, merci de partager ce post autant que possible et de soutenir Bon Pote, c'est un travail à temps complet d'analyser des chiffres (que eux ne prennent pas le temps de présenter..) !

Le CO2 n’a pas de frontière ! Voici comment le CO2 se déplace au cours d’une année. C’est pour cela qu’il faut non seulement reduire les emissions de CO2 en France, mais aussi partout dans le monde ! Sans collaboration internationale, nous ne viendrons jamais à bout du changement climatique. Inutile de préciser que les politiques qui veulent se cloîtrer derriere des murs pour éviter ça n’ont pas bien compris le problème…

#AccordDeParisEnterré Et hop, la 15ème édition de l'Emission Gap Report de l'United Nations vient d'être livrée ! 👉 Le rapport parle d'un « écart énorme entre la rhétorique et la réalité » et appelle à un bond en avant (« quantum leap  ») dans l'ambition d'atteindre les objectifs de l'Accord de Paris qui, dans les faits, ne peuvent pourtant plus être atteints... : si nous poursuivons les politiques actuelles ou même les promesses de contributions déterminées au niveau national (CDN), il n’y a aucune chance de limiter le réchauffement à 1,5°C et même à 2°C. Quelques détails : NOUVEAU RECORD D'ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE EN 2023 👉 Les émissions de gaz à effet de serre ont atteint des niveaux record en 2023 : 57,1 GT eq CO2 (voir graphe), soit une hausse de 1,3 % par rapport à 2022. 👉 L’aviation mondiale a enregistré la plus forte augmentation relative des émissions, avec une hausse de 19,5 % entre 2022 et 2023, le secteur se remettant des creux de l’ère Covid. 🔥 : ces chiffres n’incluent pas de nombreux impacts liés au climat sur les émissions de gaz à effet de serre mais qui ne résultent pas d’interventions humaines directes – comme les incendies de forêt au Canada en 2023. 🔥 Pour rappel, les feux dans les milieux naturels ont causé l'émission de 8,6 milliards de tonnes de CO2 dans le monde sur la période mars 2023-février 2024, un chiffre 16 % au-dessus des moyennes, et équivalent à environ 15 % des émissions de gaz à effet de serre d'origine directement humaine, selon la première édition de l'étude « State of wildfires ». VERS +3,1°C EN 2100 👉 Les politiques actuelles mettent le monde sur la voie d’un réchauffement de 3,1°C d’ici 2100 (66 % de chances). Ce chiffre pourrait être réduit à 2,6 °C si toutes les contributions déterminées au niveau national (CDN) existantes sont respectées. 👉 Ce +3,1°C est par ailleurs nettement plus élevé que le chiffre correspondant donné par l'International Energy Agency (IEA), à savoir +2,4°C ! ESPOIR D'ÉCLAIRCIE... 👉 La part des énergies fossiles dans la production électrique commence à diminuer, grâce au développement du solaire et de l'éolien (+ 50 % en 2023 d'ajouts de capacité). 👉 Les investissements mondiaux dans les énergies renouvelables, les réseaux et le stockage sont désormais considérablement plus élevés que les investissements mondiaux dans les énergies fossiles. TOUTEFOIS, LA CROISSANCE DE LA DEMANDE EST + FORTE Malgré cela, les émissions du secteur de l’électricité n’ont pas encore atteint leur pic, et les nouvelles technologies "propres" ne parviennent pas à suivre le rythme de croissance de la demande. MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE Le rapport conclut que le pb est le manque de volonté politique des pays pour lutter contre les émissions et non une contrainte fondamentale sur la capacité du monde à les atténuer rapidement.