Culture
La culture dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances (définition donnée par l'UNESCO).
Culture intellectuelle
[modifier]Jean Clair
[modifier]Églises, retables, liturgies, magnificence des offices : les temps anciens pratiquaient la culture du culte. Musées, « installations », expositions, foires de l'art : on se livre aujourd'hui au culte de la culture.
Du culte à la culture, de la culture au culturel, du culturel au culte de l'argent, c'est tout naturellement, on l'a vu, qu'on était tombé au niveau des latrines : Jeff Koons, Damien Hirst, Jan Fabre, Serrano et son Piss Christ et, avec eux, envahissant, ce compagnon accoutumé, son double sans odeur : l'or, la spéculation, les foires de l'art, les entrepôts discrets façon Schaulager, ou les musées anciens changés en des show rooms clinquants, façon Palais Grassi, les ventes aux enchères, enfin, pour achever le circuit, faramineuses, obscènes…
Quand le mot « culturel » a-t-il fini, dans notre langue, par remplacer celui de « culture » ? Vers la fin des années soixante ? Je me souviens d'un article de Gaétan Picon qui s'alarmait : l'emploi du « culturel » signifiait la fin de la culture. La culture est une, le culturel et pluriel. La culture est une qualité, une identité, qui unit et qui élève. Le culturel disperse, éparpille, dégrade, disqualifie, il nous fait redescendre dans le nombre, avec la pesanteur de plomb du quantitatif : les affaires culturelles, les activités culturelles, les acteurs culturels, les ingénieurs culturels, les gisements culturels, les industries culturelles… La culture, c'était, fidèle à son origine, le culte, la fondation du temple et la naissance, littéralement, de la « con/templation », la délimitation d'un lieu sacré dans l'espace et la fidélité à ce lieu. Le culturel, c'est l'exportation, le commerce, la politique des comptoirs. Il arrivait que l'on croisât des hommes de culture. On ne rencontre plus guère que des fonctionnaires culturels.
- Malaise dans les musées, Jean Clair, éd. Flammarion, coll. « Café Voltaire », 2007 (ISBN 978-2-0812-0614-4), p. 34, 35
Robertson Davies
[modifier]- Le monde des merveilles (1975), Robertson Davies (trad. Lisa Rosenbaum), éd. Payot, 1999, p. 321
Pierre Desproges
[modifier]- Les réquisitoires du tribunal des flagrants délires, Pierre Desproges, éd. Seuil, 2003 (ISBN 2-02-062847-3), Réquisitoire contre Josiane Balasko le , p. 171-172
Alain Finkielkraut
[modifier]Péguy eut le pressentiment de ce qui advient : la culture, à son tour, cède la place. Mais il ignorait qu'elle serait détrônée par son homonyme. Ni vu ni connu, le cultivé disparaît dans le culturel, et ce qui caractérise cette nouvelle entité, c'est sa faculté d'englobement. Ne laissant pas la plus petite miette à la nature, elle couvre le champ entier de l'expérience, elle avale goulûment l'intégralité du phénomène humain. Elle n'a pas d'autre, pas de dehors assignable ; aucune pratique ne lui est extérieure ou antérieure, aucune manière d'être ou de se sentir ne se situe en deçà ou au-delà de sa juridiction. On n'accède pas à la culture par l'entremise des livres et des maîtres, on y baigne, on est dedans, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse. Il n'est rien qui ne mérite cette appellation naguère encore très contrôlée. L'inculture a disparu d'un coup de baguette savante : « Tout est culturel », proclament les sciences sociales, et l'on en déduit que tout rap est musique, tout dégueulis verbal, poésie, toute obscénité, fleur du mal. Nul ne pouvait naguère sortir de la mare où il végétait en se tirant lui-même les cheveux comme le baron de Munchhausen. Aujourd'hui, la culture, c'est la mare. Plus besoin donc de s'élever pour s'en approcher. Le mot qui indiquait à la fois le chemin et la destination canonise désormais le déjà-là, quelque forme qu'il prenne.
Paul Guth
[modifier]- Lettre ouverte aux futurs illettrés, Paul Guth, éd. Albin Michel, 1980, p. 80
Mary Esther Harding
[modifier]- Les Mystères de la femme (1953), Mary Esther Harding (trad. Eveline Mahyère), éd. Payot & Rivages, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2001 (ISBN 2-228-89431-1), chap. I. Les mythes et l'esprit moderne, p. 37
André Malraux
[modifier]- La politique, la culture : discours, articles, entretiens (1925-1975), André Malraux, Janine Mossuz-Lavau, éd. Gallimard, coll. « Folio/Essais », 1996, p. 323
- Citation choisie pour le 21 mars 2017.
Jean d'Ormesson
[modifier]- « La culture vivante », Jean d'Ormesson, Grandes signatures, nº 1, avril 2008, p. 7
- Citation choisie pour le 3 janvier 2009.
Fernand Robert
[modifier]- L’Humanisme — Essai de définition, Fernand Robert, éd. Les Belles Lettres, 1946, p. 68
- Citation choisie pour le 24 décembre 2019.
Roger Scruton
[modifier]Arnold considère que la culture et l’accès à celle-ci sont essentiels à la rectitude du pouvoir politique : sans la culture, il ne saurait y avoir de conception juste des fins de la conduite humaine ; seule s’exprimerait une obsession mécanique des moyens. Arnold critique ainsi un grand nombre « d’idées établies » du libéralisme et de l’utilitarisme du XIXe siècle, en particulier leurs visions matérialiste, rationaliste et individualiste du progrès humain.
- Scruton évoque ici le poète Matthew Arnold, fils de Thomas Arnold.
- Conservatisme, Roger Scruton (trad. Astrid von Busekist), éd. Albin Michel, 2018 (ISBN 978-2-226-43640-5), p. 115
Hanns Johst
[modifier]- (de) Schlageter, Hanns Johst (trad. Wikiquote), éd. Albert Langen & Georg Müller, 1933, acte 1, scène 1, p. 1