Opinion de René Ahouansou sur la gouvernance du Bénin : La bible et la ‘’Rupture’’

Nous devons à présent nous poser la question de savoir quel a été l'avantage pour le Bénin d'avoir élu le président Patrice Talon.

En dehors des discours officiels d'autosatisfaction, visiblement rien ne se passe sur aucun front dans le pays: l'économie est toujours atone et il s'en suit qu'aucun emploi ne se crée; en dépit des proclamations officielles, le chômage s'aggrave chaque jour davantage dans une population jeune qui croît à un rythme soutenu.

Sur le plan de l'éducation, non seulement aucune salle de classe n'a été construite depuis deux ans maintenant mais pire, les conditions d'accès à l'enseignement supérieur deviennent agressivement sélectives alors que le pays a un cruel besoin de cadres et qu'il faut au contraire ouvrir toutes grandes les portes de l'Université pour la formation accélérée des cadres pour faire face aux besoins de demain.

La justice, quant à elle, a franchi la barre intolérable de l'arbitraire où les termes les plus simples et universellement acceptés sous tous les cieux sont travestis pour servir des desseins politiques de neutralisation des adversaires et opposants.

Du statut de modèle de démocratie que nous étions fiers d'être hier nous sommes devenus la propriété d'un individu qui traite les textes de la République à sa convenance ou comme s'ils n'existaient pas ou n'avaient jamais existé.

Tout se passe comme si nous étions punis pour avoir cru aux promesses électorales de celui qui nous gouverne.

 Il nous a été demandé de serrer la ceinture pendant deux ans, le temps que la sauce qui est sur le feu cuise. Les deux ans sont passées mais rien n'indique une fin prochaine des renonciations, des privations et des sacrifices .Et rien ne se réalise dans le pays pour justifier les sacrifices.

Le Bénin est désormais un pays qui marche à deux vitesses, celle des dirigeants qui ne se refusent rien et osent tout et celle du peuple qui vit dans la précarité et la paupérisation érigées en système de gouvernement.

Nous allons à contresens des lois naturelles que nous rappelle ce passage de l'épître de Saint Paul aux Corinthiens:

1 Corinthiens 9-10

[Car il est écrit dans la loi de Moise: "Tu n'emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain...."Oui, c`est à cause de nous qu`il a été écrit que celui qui laboure doit labourer avec espérance, et celui qui foule le grain fouler avec l`espérance d`y avoir part.]

Où donc est la part du peuple de notre pays qui devient visiblement un peuple martyr? Ce n'était pas la peine d'aller au Vatican si on n'a pas une vision généreuse de la politique et un Évangile social.