CONTRE LA « GUERRE DE L’EAU » ET DES RESERVES: LA NUANCE ET LE DROIT JUSTE
Albert Camus disait que « nous étouffons parmi tous ces gens qui pensent avoir absolument raison ». Médiateur au quotidien, je constate à quel point - dans le brouhaha des évidences – la nuance est une radicalité extrême si peu partagée. Dans les Deux-Sèvres, du 19 au 21/07 dernier, les SLT (Soulèvement de La Terre) et les BNM (Bassines Non Merci) ont déballé leurs pulsions partisanes et montré le désir d’en découdre … Jusqu’à faire intrusion dans un EHPAD, faire brûler un supermarché, lancer des lentilles d’eau avec des cerfs-volants sur des réserves pour gripper les aménagements, bloquer les silos de Soufflet sur le port de La Rochelle, symbole « évident » de la domination de l’agro-industrie et de sa « soif d’eau ».
Quand je croise et que j’essaie d’échanger avec ces militants de la vitrification, je suis étonné par leurs préjugés et leur absence d’ouverture au débat. Tout n'est que combat. Leur opposition est fondée sur un triptyque dangereux : la collapsologie («c’est la fin du monde »), la victimisation (« on est manipulé ») et bien sûr la violence (« la fin justifie les moyens »). Tout cela est l’expression de tant de frustrations et de pertes abyssales de sens.
A y regarder de près, ce cocktail est très proche des phénomènes sectaires qui se développent dans d’autres domaines. Le thème de l’eau n’est malheureusement qu’un prétexte. Il est inutile de développer des arguments rationnels, les militants SLT/BNM s’en moquent et n’en ont cure ! Ce sont les appels au calme, à la non provocation et les contre-attaques juridiques - structurées et persévérantes - qui sont les meilleurs outils.
A propos de droit, il y a eu une bonne nouvelle. Expert auprès de la Cour Administrative d’Appel de Bordeaux, je me suis réjouis de lire l’arrêt du 24 mai 2024. En effet, par jugement du 24/02/2021, le Tribunal administratif de Poitiers avait annulé l’autorisation unique de création, de réhabilitation et d’exploitation de vingt-deux réserves de substitution sur le bassin de la Boutonne (17). Et bien la CAA de Bordeaux a annulé ce jugement, et les 22 réserves se retrouvent être totalement validées. Les arguments : les études préalables comportaient un examen détaillé de l’état initial de l’environnement, et les réserves n’étaient incluses dans aucun site Natura 2000 ni aucun habitat d’intérêt communautaire. Elles n’interceptaient ainsi pas de zones de protection spéciale (ZPS). Les dossiers de réserves avaient prévu des mesures visant à adapter le projet aux évolutions climatiques et à leurs effets sur la ressource en eau.
Ainsi, le courage de la nuance, la détermination dans le pragmatisme et la persévérance qui prouve le bien fondé du stockage de l’eau à grande échelle pour répondre à notre souveraineté alimentaire ont été récompensés. Qu’il en soit ainsi à tous les porteurs de projet de réserves de substitution. A votre service pour vous accompagner.