[…] Si l’Opéra est à genoux, c’est qu’il vacillait depuis longtemps. La conjoncture n’est que le révélateur d’une crise structurelle dont la cause principale tient au désengagement des collectivités locales depuis une quinzaine d’années. Rien de spectaculaire, des subventions reconduites à l’euro courant — et parfois réduites, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, dans le Grand Est ou en Occitanie — alors que les coûts, eux, ne cessent d’augmenter. Un effet de ciseau redoutable car les subventions représentent environ 80 % de leurs ressources. Et sans elles point de salut, car les Opéras ne peuvent espérer compenser leur baisse par une hausse des recettes de billetterie. Ils sont en effet soumis à la dure loi de « la maladie des coûts croissants », théorisée par l’économiste américain William Baumol. « Plus un opéra est joué, plus on perd d’argent, même quand la salle est pleine », résume le directeur de l’Opéra national de Lorraine, Matthieu Dussouillez. Ici, les recettes de billetterie ne couvrent jamais les coûts de production. « Quand nous donnons une Traviata, le coût d’une représentation est d’environ 85 000 euros, et ma recette n’excède pas 42 000 euros. » Résultat, chaque soir, les Opéras perdent de l’argent. Alors ils jouent tant qu’ils peuvent payer, pas tant qu’il y a du public. D’où le caractère indispensable des subventions. Qu’elles baissent et c’est tout le système qui se grippe avec une seule variable d’ajustement : « le disponible artistique ». Équation infernale et difficilement soluble car aucune solution miracle n’existe. Accroître les recettes en augmentant le prix d’entrée risque de décourager le public et ne serait de toute façon que d’un apport marginal. Reste le mécénat : beaucoup d’Opéras régionaux ont récemment tenté l’aventure et y ont gagné quelques centaines de milliers d’euros chaque année, mais l’exercice a ses limites. Le mécénat d’entreprise reste accaparé par l’Opéra de Paris et le Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Surtout, la crise économique y a mis un frein brutal. […] Dans ce paysage, rares sont ceux qui s’en sortent sans casse. C’est le cas de l’Opéra de Rennes, qui bénéficie d’un soutien politique sans faille des collectivités territoriales et de l’État, mais aussi d’un engagement de la Ville pour sanctuariser chaque année son disponible artistique. Un choix politique en forme de sésame. « Nous n’avons annulé aucune date, ni rien déprogrammé », se félicite son directeur, Matthieu Rietzler. L’Opéra de Rennes multiplie également les coproductions, notamment avec ses voisins de Nantes et d’Angers, un moyen efficace de mutualiser les coûts et d’assurer une diffusion plus large à chacune des productions. […]
Le désengagement de l’état ou des collectivités locales a bon dos. Ce n’est pas arrivé en 6 mois, tous ont été largement prévenus il y a plusieurs années déjà. Le mécénat, s’il est bien pensé - et s’il avait été mis en place depuis longtemps pour certains qui se réveillent maintenant - reste une solution évidente aux équilibres budgétaires des maisons d’opéra (et d’autres institutions d’ailleurs qui ont eu l’habitude de fonctionner avec un état providence aux poches pleines). Aujourd’hui 80% des entreprises qui font des actions de mécénat en France le font à l’échelle locale : l’ancrage territorial est une des tendances fortes du mécénat (lire notamment le dernier baromètre de l’Admical 2022). Dire que l’Opera Garnier et le Festival d’Aix raflent tout est faux. À nous tous en province de créer une offre régionale attractive et différenciée. Les budgets des entreprises parisiennes sont certes plus importants mais si l’offre pour le mécénat d’entreprise en régions sort du lot et fait preuve d’originalité, aucun doute que nos amis des grandes fondations d’entreprises parisiennes ou du tissu économique de la capitale en direct sauront être séduits.
Les grandes maisons d’opéra et bien d’autres passent leur vie à produire des œuvres du passé, des archives, des œuvres archéologiques… de compositeurs morts depuis des siècles. Donc il est logique que SEULS les historiens et archéologues mélomanes viennent remplir à 50% vos salles. Comme je dis toujours : « produisez des œuvres de compositeurs Vivants pour un publique Vivant (qui puissent s’identifier aux compositeurs vivants et à des œuvres non abscons ! ) et les simples interprètes et producteurs que vous êtes, n’auront pas besoin de pleurer pour des subventions qui les maintiennent en survie. « Qui fait de l’art-chéologie = reçoit les subventions adéquates » 🤣. Soyez soulagez, vous n’avez pas à payer à leur juste valeur les compositeurs que vous exploitez avec peu de respect parfois : puisqu’ils sont tous morts. Juste changer la mise en scène ne suffit pas ! Surtout pour mettre un opéra du grand Mozart dans un supermarché…. Si les autres arts en avaient fait autant : En architecture: vous seriez encore à construire des temples romains en les peignant en rose fluo pour les réinventer 🤣 En cinéma: à réinventer Chaplin et faire et refaire ses films qui sont PARFAIT. En disant avoir apporter de la nouveauté 🤣 Etc … Etc …
je pense que de vouloir que la grenouille soit plus grosse que le boeuf ne peut pas fonctionner longtemps. les collectivites fuyantes c est partout . il est temps au reel changement. accessibilite dj prix des place - invitations inclusive. campagne de decouverte dans les ecoles et segments de marche non conquis . au lieu de c est la faute A … Qu est que l on peut experimenter comme changement … Courage 🙏
Dispos des artistes, coûts mais aussi refonte des publics et politique de programmation / tarifs associés ?
Consultant et conseiller artistique spécialisé en Art Lyrique
10 moisL'Opéra coûte "plus cher" car on ne réfléchit pas à un autre modèle. Des artistes en résidence correctement payés mensuellement pour faire 2/3 voire 4 productions cela permettrait de faire plus de représentations sans que cela coûte plus cher. Le discours inverse véhiculé par la plupart des directeurs est fallacieux. Plusieurs artistes qui connaissent leur métier et comment fonctionne une production et une maison d'opéra, le crient haut et fort mais sont délibéremment mis de côté. Il faudrait peut-être laisser la place aux autres, à ceux et celles qui sont porteurs de nouvelles réflexions et modèles d'avenir de l'Opéra. Malheureusement nos discours n'étant pas ceux des directeurs actuels, le système en place fait tout pour maintenir le modèle qui est en train de péricliter depuis plusieurs années déjà, quite a le dégrader encore plus. L'Opéra a besoin de nouveaux visages à la tête de nos institutions et vite...