Post de Antony Soron

Je suis née à une époque où Desproges riait des juifs et Coluche des arabes, et ça faisait marrer tout le monde. Où il y avait des sapins et des crèches partout parce que c’était Noël et c’était chouette et sans polémique. Petite, j’adorais Hara-Kiri, Gotlib, Benny Hill et Collaro, je chantais du Sardou avec ma mémé dans sa Golf et j’évoluais avec bonheur dans un appartement baignant dans la fumée de cigarette. Maïté était reine aux fourneaux, et nous faisait manger trop gras, trop sucré, trop salé. Je rêvais d’être une Barbie, ou au moins une drôle de dame. La blonde. Mes profs étaient sévères, retiraient des points à la moindre faute et nous engueulaient pendant que nous regardions nos pieds. J’ai intégré sans moufter que le masculin l’emporte en français. Plus tard, j’ai aimé être draguée, et quand je n’aimais pas je le disais. Je le dis toujours. Je ne voudrais pas revenir en arrière, parce que le passé eut son lot d’épreuves, de deuils, et de chagrins devenus cicatrices. Mais je crois en Dieu et en l’humour noir. En la tolérance. En la transmission et en l’amour. En la séduction. En l’or qui peut naître de la boue. En le pouvoir des mots et la nécessité des livres. J’aime l’exigence, le travail et la Beauté. Et jamais je ne déconstruirai quoi que ce soit.