Notre imaginaire d’enfant a été nourri de ces silhouettes de pierre. Les plus chanceux d’entre nous, se rêvant chevalier ou princesse, ont visité ces vestiges de châteaux forts qui ne semblent plus que ruinesa posé sa chambre argentique Linhof devant ces colosses, d’Écosse en Sicile, de France en Allemagne, d’Espagne en Angleterre, s’aventurant jusqu’à la lointaine Russie. Et l’on songe alors aux mille questions que suscite l’observation de ces énigmes nées au cœur du tumultueux Moyen Âge, désormais imperturbables dans leur sommeil minéral. Que nous disent les remparts d’Aigues-Mortes, qui virent le départ des Croisés, ou le château de Sadaba, en Aragon, qui rappelle les ribats fortifiés d’Afrique du Nord ? Le ou génie des lieux, lèvera-t-il quelques mystères ? Parmi les édifices les plus spectaculaires, citons le Fort la Latte, en Bretagne. En Italie, le château de Mondavio et sa tour à facettes dans la région des Marches ; au cœur des Pouilles, le castel del Monte, aux tours octogonales, qui évoque un bijou Art déco ; et à Parme, la forteresse de Torrechiara, si élégante avec ses tourelles et ses galeries panoramiques. Sans oublier en Allemagne le château d’Eltz – dans la même famille depuis trente-trois générations –, en Angleterre le donjon de Norwich, et le monumental château de Coca, mudéjar et gothique, à Ségovie. Un périple relaté par l’auteur dans un ouvrage passionnant, et lui aussi massif, qui a pour titre (Taschen), dont sont extraits vingt-cinq clichés exposés au château de Nyon, dans une mise en abyme logique.
