En 2005, la Chine est devenue le premier émetteur de CO2 fossile planétaire, devant les USA, et l'Empire du Milieu "pèse" aujourd'hui 2,5 fois plus lourd dans le total mondial que le pays de l'Oncle Sam (ou de l'Oncle Trump bientôt).
Oui, mais : c'est parce que ce pays est devenu l'atelier du monde, et ses émissions sont nos importations. Donc il n'est pas juste de lui imputer la totalité de ses émissions, qui ne servent pas uniquement sa consommation domestique.
Un travail tout juste publié de Carbone 4 et de l'European Climate Foundation - https://lnkd.in/eY5R-qGJ - vient cependant revisiter cette idée que la Chine serait un gros "exportateur net" d'émissions.
Le travail en question avait pour objet de quantifier, pour chaque pays du G20, ses émissions importées (donc celles ayant lieu "ailleurs" et contenues dans les biens et services importés) ainsi que ses émissions exportées (celles ayant lieu dans le pays pour fabriquer un bien ou service exporté), en exploitant pour cela une base de données (FIGARO - Full International and Global Accounts for Research in input-Output analysis) fournie par Eurostat.
Cette base de données détaille les flux commerciaux entre pays, en précisant pour chacun d'entre eux le secteur économique de départ et celui d'arrivée, et permet de calculer des émissions "contenues" dans ces flux commerciaux.
Il est alors possible, pour chaque pays, de déterminer à la fois de quels pays mais aussi de quels secteurs d'activité viennent les émissions importées.
Et là, surprise : pour la Chine, il y a à peu près autant d'émissions importées que d'émissions exportées ! Pour ce pays, l'empreinte carbone est donc égale aux émissions domestiques. L'empreinte carbone par personne y dépasse désormais celle de la France (mais cela n'empêche pas la Chine ne continuer à être un "pays du Sud" dans les négociations climat !).
On découvre aussi dans ce travail que les USA, comme l'Europe, importent bien plus d'émissions qu'ils n'en exportent (les USA sont les premiers importateurs au monde d'émissions "contenues" dans des produits manufacturés), ce qui pour le coup est un résultat moins inattendu, et il y a plein d'autres analyses intéressantes.
L'intérêt de compter les émissions du commerce international est que cela permet de travailler sur une autre base que les émissions domestiques pour contribuer à la limitation du réchauffement climatique.
Entre l'interdiction des importations trop carbonées, le rapatriement d'activités productives tout en les rendant moins émissives, ou des négociations entre pays clients et fournisseurs, il y a des marges pour l'action, qui seraient à l'évidence plus encouragées si les engagements nationaux portaient sur leur empreinte carbone et non sur leurs émissions domestiques.
Le rapport finit avec quelques propositions en ce sens. Bonne lecture !
CFO - Director de Finanzas y Patrimonio en Alcampo
1 mesBravo aux équipes Legrand et à toi Amelie!